CH Pinel : article du Courrier Picard 10 octobre 2018

AMIENS Le syndicat majoritaire CFDT dénonce l’absence de dialogue avec les actuels grévistes.

L’hôpital psychiatrique Philippe-Pinel, basé à Dury, à côté d’Amiens, fait parler de lui depuis plusieurs semaines. Cela fait 118 jours que du personnel gréviste se montre, campant devant l’établissement, pour réclamer davantage de moyens. Aucune proposition, pour le moment, n’a convaincu ce mouvement intitulé « Pinel en lutte », de stopper cette action de grève . Mais cette situation n’est pas sans conséquences en interne, si l’on en croit le syndicat CFDT, légèrement majoritaire au sein de Pinel. Ce mardi, ses représentants ont décidé de médiatiser leur ras-le-bol.

« Nous ne nions pas les difficultés, mais nous dénonçons le climat social actuel », explique Pierre Coquelin, secrétaire général CFDT santé/sociaux de la Somme. Le syndicat majoritaire n’a jamais rejoint le mouvement, initié par la CGT, auquel se sont greffés FO, Sud, et l’association Unafam (union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques) : « On nous a sollicités alors que la plate-forme revendicative était déjà élaborée ».

ILS RÉCLAMENT UNE « MEILLEURE ORGANISATION »

Le syndicat CFDT n’est pas d’accord avec les méthodes du collectif, son comportement avec lui, mais aussi avec la direction : « Nous ne pouvons pas couper le dialogue social comme cela. Nous ne nions pas les difficultés, nous pouvons, sur certains points, être d’accords avec cette intersyndicale, mais ce n’est pas parce qu’on n’est pas dans l’opposition frontale que nous ne battons pas pour l’hôpital », explique Pierre Coquelin.

Si la CFDT a décidé de s’exprimer publiquement, c’est qu’elle dénonce « un climat social délétère » au sein de l’établissement. Ses représentants parlent de violences verbales, ou écrites sur les réseaux sociaux, à leur encontre : « Beaucoup d’agents n’en peuvent plus de cette situation, de ceux qui pensent que si on n’est pas dans le mouvement, on est contre. » Or selon les représentants CFDT, « à l’intérieur de l’établissement, on continue de bosser », et ce mouvement porte atteinte à l’honneur de ceux qui font pour leur mieux au quotidien.

La CFDT n’est pas sur la même ligne que les autres syndicats : « L’argent et les effectifs, ce n’est pas le problème de fonds. C’est ce que nous en faisons ». Et de réclamer une meilleure organisation.

Les représentants de la CFDT expliquent vouloir apaiser la situation au sein de l’hôpital. Le 21 septembre, ils ont invité les représentants CGT, Fo et Sud à venir discuter. « Personne n’est venu ». À ce jour, ils ont saisi l’inspection du travail pour demander une réunion extraordinaire du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité, et des conditions de travail) pour faire en sorte de rétablir un climat social décent dans l’établissement. Parce qu’ils disent penser à l’après-conflit : « Comment allons-nous pouvoir nous retrouver entre collègues ? »

Du côté de l’intersyndicale gréviste, on nie tout climat social interne délétère : « Avec la direction, oui, mais pas avec la CFDT avec qui nous restons ouverts au dialogue », explique Chrystèle Leclercq (CGT). Elle souligne cependant que « la CFDT n’a pas rallié le mouvement sans expliquer sa position », qu’ils « sont allés rencontrer l’agence régionale de santé sans prévenir le personnel », qu’ils « ne portent pas les mêmes revendications », que trois syndicats sont mobilisés, pas la CFDT. Fermez le ban. Ambiance…

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