SENEOS : Organisation du travail, vers un nouveau chambardement !
SENEOS : Etablissement de Bray Sur Somme
Organisation du travail : vers un nouveau chambardement !
Août 2014 : la CFDT alertait le Conseil Général et l’ARS sur les conséquences d’une politique de restriction des budgets des Ehpad. L’Etablissement de Bray sur Somme se voyait même contraint, sur injonction de l’ARS, de mettre en place une organisation du travail en 12 heures.
A l’époque, la CFDT avait exprimé de gros doutes sur la pertinence d’une telle organisation, mettant en avant les conséquences prévisibles en termes de fatigabilité et d’absentéisme. Nous attirions également l’attention sur la dégradation probable de la prise en charge des usagers et de l’esprit d’équipe.
Novembre 2019 : Nos craintes sont malheureusement devenues réalité. La structure est exsangue, le personnel a traversé de sombres moments et sort laminé de 5 années de dysfonctionnements.
Alors même que l’objectif des financeurs était de faire fonctionner l’établissement avec moins de personnel, le nombre d’heures supplémentaires a explosé.
Ce sont ainsi 30 000 heures qui sont aujourd’hui dues aux agents de Seneos dont 15 000 pour la seule structure de Bray sur Somme, un désastre humain et financier. Un seul agent comptabilise à lui seul 1000 heures supplémentaires, un pur scandale !
Travail en 2 X 12 heures : la fausse bonne idée !
Si en théorie, l’organisation en 2 X 12 heures permet de gagner du personnel par rapport à une organisation en 3 X 8 heures, la réalité est toute autre. Dès qu’il y a le moindre absentéisme, il faut injecter non plus 8 mais 12 heures de travail/agent pour que le service continue à tourner. Les compteurs s’affolent alors très vite, preuve en est, c’est aujourd’hui l’équivalent de 10 postes qui manquent pour résorber l’ensemble des heures pour Bray ;
Mais le plus dramatique dans l’histoire, c’est que la notion même d’équipe a été bafouée et que les journées de 12 heures constituent un moyen de « venir purger sa peine » en 3 jours, tellement le travail a perdu de son intérêt et tellement l’équipe s’est délitée.
Un futur inquiétant :
Et ce ne sont pas les perspectives tracées par la direction sur la réorganisation qui vont redonner du baume au cœur des agents. Là où les agents étaient 6 le matin (ce qui constituait le seuil critique), ils ne seront probablement plus que 5 après la réorganisation…de quoi se faire du souci pour la qualité de prise en charge des usagers et pour la santé du personnel.
Pour corser le tout et comme si les choses n’étaient pas suffisamment difficiles, il est envisagé un plan de résorption des heures supplémentaires sur…10 années !!! Ce qui signifie que pendant 10 ans, le personnel sera en effectif moindre que ce qu’il est déjà aujourd’hui… Vouloir fonctionner de cette façon, c’est s’attaquer à résoudre la quadrature du cercle et on sait comment cela se termine.
Agents fragiles ou malades s’abstenir…
Pour relever le défi des années à venir, il faudra du personnel au top de la forme et malheur à ceux qui malades ou fatigués ne suivront pas le rythme. Les agents bénéficiant actuellement d’adaptation de poste sont priés de se rétablir vite fait, terminé les aménagements de postes. On risque fort d’assister à une recrudescence de l’absentéisme, ce qui va sans nul doute contrarier le redressement de l’établissement, bref, la spirale infernale !
Gageons que les rappels sur repos vont de nouveau exploser et gare à ceux qui traîneraient un peu les pieds pour venir remplacer au…pied levé, surtout s’ils sont contractuels, la menace d’un non-renouvellement n’est jamais loin.
Un groupe de travail au centre des critiques :
Si l’idée d’associer les agents à la construction de l’organisation du travail peut être intéressante, il ne faut pas que lesdits agents se retrouvent la cible de toutes les critiques. Ces agents ont eu le mérite de participer à un travail difficile où il n’y avait que des coups à prendre.
Il y a aujourd’hui une seule responsable de ce qui se profile en termes d’organisation, c’est la Direction. Comme souvent dans ce genre de situation, les agents servent de caution à ce qui se met en place mais ce n’est certainement pas à eux d’endosser la responsabilité ni d’essuyer les critiques.
Quelles autres perspectives ?
Il semble évident que Seneos ne pourra se sortir seule de cette situation catastrophique et il faudra qu’à un moment ou un autre, le plus vite sera le mieux, que les financeurs mettent la main au porte-monnaie et permettent à cette structure d’assurer ses missions au bénéfice des personnes âgées dans des conditions décentes. C’est le message que portera la CFDT dans les semaines qui viennent auprès des financeurs.
Pour télécharger le tract :